Les gens se pressaient dans les rues. Des jolies jeunes femmes faisaient les boutiques à la vitesse de la lumière, leurs cartes bleues chauffaient et leurs sacs se remplissaient de vêtements à la mode qu'elles jetteraient dans un ou deux mois. Des hommes d'affaire en costume cravate, petite mallette noire à la main et téléphone portable dans l'autre, slalomaient entre les fans de shopping pour arriver à l'heure à une réunion importante. Des mères de famille surmenées courraient entre les courses pour le petit-déjeuner et leurs marmots à aller chercher à l'école primaire. Les rues grouillaient de monde. Tous pressés, stressés. Sauf un.

Un homme d'une trentaine d'année se distinguait dans tout ce tumulte. Les mains dans les poches, Remus Vargas sifflotait une chanson joyeuse, entraînante. Il avait passé une bonne journée dans sa boutique d'Antiquité. Deux trois curieux étaient passés jeter un coup d’œil et il avait réussi à vendre un meuble de style Louis XVI à un collectionneur très fortuné.

Après cette journée de travail, le romain méritait une pause. Et quoi de mieux que d'aller dans le café à l'angle de la rue pour boire un coup et de rencontrer de belles femmes ? Pleins de belles femmes. Remus auraient bien voulu inviter ses petits-fils adorés, mais il n'avait aucune idée d'où ils pouvaient être. Lovinours devait bouder dans un coin et fuir son espagnol tandis que Felichou devait faire mumuse avec des chats. À moins qu'ils fassent la sieste.

Le romain afficha un grand sourire en pensant à ses petits trésors, la chair de sa chair, le sang de son sang. Avec leurs petites bouilles trop choupichoupinettes, les veeeee~ du cadet et les chigiiiiiiiiiiiii de l'aîné: ils sont si adorables! Remus pourrait écrire des chansons, ériger des statues et même construire des temples en leur honneur!

C'est donc en pensant à ses petits poussins que le latin poussa la porte du café. Il fit la moue en voyant l'interminable queue jusqu'à la caisse. Par chance, il remarqua sa serveuse préférée qu'il salua d'un grand signe la main.

-Ave Jessica! Toujours aussi jolie!

Il s'avança donc vers elle avec un sourire charmeur et en agitant toujours le bras, doublant au passage les autres personnes de la file. Remus c'est un peu le VIP du café. Il est venu, il a vu, il vous a vaincu.

Spoiler:

Remus commença une conversation enflammée avec la serveuse, ignorant les gens autour. Il lui parlait du temps qu'il faisait dehors, de ses adorables petits fils, glissant de temps en temps une blague grivoise ou complimentant la jeune femme sur ses beaux cheveux blonds.

Quand tout à coup, une voix douce et délicate parvint aux oreilles du vieux romain :

- HÉ, FAIS LA QUEUE COMME TOUT LE MONDE.

Remus détourna son attention de la charmante serveuse pour savoir qui s'adressait à lui comme ça. C'est un homme respectable voyons ! Et il n'autorisait personne à lui parler de la sorte, à par son petit Lovino d'amour -grognon et si mignon à la fois- et les jolies femmes. Et quelle fut la surprise de Remus en voyant la femme à la beauté sauvage.

Le latin, instinctivement, sourit à la splendide créature et s'avança vers elle. Il lui prit délicatement la main et y déposa un baiser, pour la saluer. Il se recula ensuite et fit une légère révérence pour s'excuser.

« Oh ! Veuillez m'excuser, je parlais à mon amie » il désigne la serveuse d'un rapide signe de la main « et, emporté par ma conversation, je n'ai pas vu la queue. »

Il rit. Mauvaise réponse Remus. Elle n'avait pas l'air d'humeur à plaisanter. Mais le latin n'est pas du genre à abandonner si facilement, surtout quand la personne en face de lui est aussi ravissante. C'est donc très confiant dans sa technique de drague que le romain proposa à la sud-africaine :

« Enfin bref. Pour me faire pardonner, laissez-moi vous inviter et vous offrir quelque chose. Un verre d'eau, un jus d'orange, un thé, un café. Ce que vous voulez. Je me ferais une joie de faire plaisir à une si belle femme. » 

Et hop. Un sourire Colgate ultra blanc et un clin d’œil complice en bonus.[/b]

Nothembi croisa les bras, toisant l'homme avec colère. Il ne manquait plus que ça franchement. En plus il prenait son temps le bougre... La patience de la Sud-Africaine dépendait des moments. Autant il y avait des fois où elle était d'une patience d'or et pouvait attendre énormément... Normalement elle était toujours comme ça et encore plus à la réserve où elle travaillait. Elle ne pouvait décemment pas brusquer les animaux dont elle s'occupait après tout.
En revanche il y avait d'autres fois où elle n'aimait pas du tout que les choses traînent, comme maintenant. La femme avait beau adorer son job à la réserve, cela n'empêchait pas qu'elle soit plus que fatiguée à la fin de sa journée.

Elle le regarda s'approcher, observant le personnage qui dépassait tout le monde d'une paire d'yeux miel méfiants.

- Oh ! Veuillez m'excuser, je parlais à mon amie, dit-il,  et, emporté par ma conversation, je n'ai pas vu la queue.

La Sud-Africaine haussa un sourcil, un air aussi soupçonneux que lorsqu'elle entendait un mensonge d'un braconnier quand elle arrivait à en choper un. Il se fichait d'elle sérieusement ? Elle n'allait pas le croire quand même.

- Alors allez faire vérifier votre vue. déclara-t-elle simplement, sans un ton sec. C'était pas son genre de parler sur ce genre de ton. Sauf avec un Néerlandais mais sinon elle n'était pas quelqu'un qui était froide ou sèche avec les gens. Au contraire elle était même plutôt avenante et elle disait ça très sincèrement.

- Enfin bref. Pour me faire pardonner, laissez-moi vous inviter et vous offrir quelque chose. Un verre d'eau, un jus d'orange, un thé, un café. Ce que vous voulez. Je me ferais une joie de faire plaisir à une si belle femme.

La représentante de l'Afrique du Sud esquissa un sourire amusé. Il était sérieux là ? Non parce que franchement elle ne se considérait pas comme "belle". "Attirante" peut-être, elle y concédait mais elle n'allait pas jusqu'à se prétendre "belle". On a déjà complimenté ses jambes à de maintes reprises... Beaucoup trop de fois..
Ce qui l'amusait le plus quand même était qu'elle était maintenant en train de se faire draguer aux yeux de tous. Elle éclata de rire, amusée.

- Non merci. Je suis capable de m'acheter à boire toute seule. Je suis pas si pauvre.

Alors en même temps elle plaisantait et en même temps pas tellement. Nothembi était ce genre de femmes qui refuse toute faveur, indépendante jusqu'au bout. C'était surtout qu'elle ne voulait pas que son physique soit la raison qu'on lui paye quelque chose.

- Allez simplement au bout de la queue, il y a des gens qui perdent leur temps avec notre petite discussion. dit-elle avec un sourire et en faisant un clin d'œil amusé.

HRP:

-très bien. Mais nous nous reverrons, mademoiselle.

Nothembi eut un rictus amusé à cette réponse.

« Nous verrons bien. » pensa-t-elle.

Après tout, elle n'était pas contre de rencontrer des gens, même s'il y avait des fois où cela pouvait être agaçant la manière dont ils se manifestaient, du coup la Sud-Africaine - à cause de son sang qui pouvait bouillir d'un coup et par conséquence l'énerver d'une manière très rapide et violente - réagissait très mal avant de reprendre son sang-froid et de se remettre à sourire et à se comporter de manière cordiale. Ça pouvait être étrange mais c'était ainsi qu'elle marchait.

Elle se remit à attendre dans la foule. Il se passa une bonne dizaine de minutes avant qu'elle passe à son tour à la caisse.

- Bonjour, comme d'habitude. dit-elle simplement avec un sourire avant de prendre son portefeuille dans son sac et de sortir la même somme que les fois précédentes en attendant sa part de cheesecake et sa cup de latte de rooibos.

- Sur place ou à emporter ?

Nothembi dit automatiquement "sur place", par habitude avant de balayer la salle de son regard miel en grimaçant légèrement. C'était vraiment bondé et elle était tentée de retourner dans sa voiture pour manger et boire ce qu'elle avait pris... Surtout qu'elle avait laissé Ukuzila dans la voiture parce qu'on ne va pas balader un guépard en ville comme on va promener un chien. Il y en a qui n'y sont pas habitués et du coup ça provoquerait une panique générale. Enfin, c'était surtout parce que surtout le chaton dormait paisiblement depuis qu'elles avaient quitté la réserve. Elle avait bien le droit de prendre un peu de temps au café non ?
La Sud-Africaine essaya de voir où est-ce qu'il y aurait de la place en se mettant sur la pointe des pieds - même si elle était assez grande - et de tourner la tête partout avant de se remettre normalement, la bouche tordue dans une moue réfléchie.

- Voilà pour vous ! dit la serveuse, tirant la jeune femme de ses pensées.

Nothembi tourna violemment la tête et sourit avant de tendre l'argent, de la remercier et de partir en quête d'une place près de la fenêtre. Finalement elle posa ses affaires sur une table haute, s'assit et sortit son journal histoire de lire un peu les nouvelles, s'étant décidée de prendre un peu son temps. Elle pouvait bien se le permettre après une journée que certains jugeraient de plusqu'éreintante à la réserve.

Le latin détestait attendre. Et rester planter une quinzaine de minutes avant d'enfin atteindre la caisse fut un véritable calvaire pour lui. Il sautillait sur place, regardait autour de lui, chatonnait et baissait les yeux sur sa montre toutes les trois secondes. Il en profita aussi pour repérer la belle africaine au milieu de la foule.

Remus avait toujours été comme ça. Depuis son plus jeune âge, il adorait parler aux jolies femmes et les séduire. Il savait qu'il était bel homme -ou du moins c'est ce que l'on lui racontait quand il était petit et il a fini par en être sûr et certain. La compagnie de la gente féminine lui faisait du bien, mais il aimait aussi traîner avec ses potes et montrer à tous et à toutes que c'est un homme, un vrai.

Quand vint enfin son tour, il commanda un café -parce que monsieur à quand même des origines italiennes et que le café c'est sacré- et une part de tarte aux pommes. Il aurait préféré un gâteau au miel ou aux dattes mais ils ne vendaient pas ce genre de dessert ici. L'hôtesse de caisse lui demanda avec un grand sourire : « Sur place ou à emporter ? » La question ne se pose même pas. Il répondit « sur place » et se remit à attendre gentiment.

Une fois qu'elle eut fini de lui préparer sa commande, le romain lui tendit un joli billet, récupéra la monnaie et se mit en quête d'un endroit pour s'installer, son petit plateau à la main.

Le méditerranéen se dirigea d'un pas tranquille vers la sud-africaine tout en baladant son regard dans la pièce, pour faire semblant de chercher une place dans la salle. De toutes manières les possibilités étaient réduites. Il y avait bien une place isolée, mais trop près de la porte d'entrée et des courants d'air incessant causés par les allers et retours des clients. Le latin posa donc sa commande juste à côté de la jeune femme et sourit en s'installant à côté d'elle.

-tiens, comme on se retrouve. Le hasard fait bien les choses, n'est-ce pas ?

HRP: